ses bourreaux[1], tirée d’Isaïe, liii, 12, sont des additions réfléchies. Au sublime cri de désespoir : Elohi, elohi lamma sabacthani, qui n’était plus en rapport avec les idées qu’on se faisait de la divinité de Jésus, il substitue un texte plus calme : « Père, entre tes mains je remets mon esprit[2]. » Enfin la vie de Jésus ressuscité est racontée sur un plan tout à fait artificiel, conforme en partie à celui de l’Évangile des Hébreux[3], d’après lequel cette vie d’outre-tombe n’aurait duré qu’un jour et se serait terminée par une ascension que Marc et Matthieu ignorent tout à fait[4].
L’Évangile de Luc est donc un Évangile amendé, complété, fortement engagé déjà dans la voie de la légende. Comme pseudo-Matthieu, Luc corrige Marc, en prévenant des objections[5], en effaçant des contradictions réelles ou apparentes[6], en supprimant les traits plus ou moins choquants, les détails vul-
- ↑ Luc, xxiii, 34. Ce verset manque dans le manuscrit du Vatican et dans quelques autres. Le Sinaïticus l’a ; Irénée le connaît. Cf. Act., vii, 60. Voir l’Antechrist, p. 60, note 1.
- ↑ Luc, xxiii, 46.
- ↑ Voir ci-dessus, p. 107.
- ↑ Voir les Apôtres, p. 33, note ; 36-37, note ; 32, note 5 ; 54-55.
- ↑ Addition de ὡς ἐνομίζετο. Luc, iii, 23.
- ↑ Οὗ ἦν τεθραμμένος. iv, 16.