Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/36

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bien, à divers endroits[1], que cette épître ne fit jamais complètement corps avec les six autres ; mais il n’a pas tiré la conséquence de ce fait. Son désir de trouver la collection des sept lettres authentique l’a engagé dans une thèse imprudente, savoir que la collection des sept lettres doit être adoptée ou rejetée dans son ensemble. C’est renouveler, dans un autre sens, la faute de Baur, de Hilgenfeld, de Volkmar ; c’est compromettre gravement un des joyaux de la littérature chrétienne primitive, en l’associant à des écrits souvent médiocres, et qu’on peut tenir pour à peu près condamnés.

Ce qui semble donc le plus probable, c’est que, dans la littérature ignatienne, il n’y a d’authentique que l’épître aux Romains. Cette épître même n’est pas restée exempte d’altérations. Les longueurs, les redites qu’on y remarque, sont peut-être des blessures infligées par un interpolateur à ce beau monument de l’antiquité chrétienne. Quand on compare le texte conservé par les Actes colbertins au texte de la collection des treize épîtres, aux traductions latines et syriaques, aux citations d’Eusèbe, on

    de Polycarpe ; mais, dès lors, nous serions faibles devant un adversaire qui nous soutiendrait qu’il en a été de même pour le passage précité de l’épître aux Romains.

  1. P. 54, 95, 96, 116, 166, 492.