Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/381

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autrement que nous ne l’avons. Les allusions aux épîtres de Jacques et de Pierre sont douteuses[1]. Mais ce qui frappe, c’est l’usage des apocryphes juifs, auxquels Clément accorde la même autorité qu’aux écrits de l’Ancien Testament[2], Judith[3], un apocryphe d’Ézéchiel[4], l’Assomption de Moïse[5], peut-être la prière de Manassé[6]. Comme l’apôtre Jude, Clément admettait dans sa Bible tous ces produits récents des passions ou de l’imagination juives, si inférieurs à la vieille littérature hébraïque, mais plus susceptibles que cette dernière de plaire au temps par un ton d’éloquence pathétique et de vive piété.

L’épître de Clément atteignit, du reste, le but qu’elle s’était proposé. L’ordre se rétablit dans l’Église de Corinthe[7]. Les hautes prétentions des docteurs spirituels s’abaissèrent. Telle était la foi ardente de ces petits conventicules, qu’on subissait les plus grandes humiliations plutôt que de quitter l’Église. Mais l’ouvrage eut un succès qui dépassa

  1. Ch. 12, 30, 49.
  2. Cf. Photius, cod. cxxvi.
  3. Ch. 55.
  4. Ch. 8.
  5. Ch. 17, 23, 25, 26, 46 (Hilgenfeld).
  6. Comp. ch. 57, κάμψαντες τὰ γόνατα τῆς καρδίας ὑμῶν. Manassé, κλίνω γόνυ καρδίας μου.
  7. Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., IV, xxii, 2.