Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/391

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l’excès[1]. L’armée voulait le châtiment des meurtriers de Domitien ; la partie honnête du Sénat voulait la punition de ceux qui avaient été les ministres des crimes du dernier gouvernement ; tiraillé entre ces exigences opposées, Nerva parut souvent faible. Un jour, à sa table, se trouvèrent réunis l’illustre Junius Mauricus, qui avait risqué sa vie pour la liberté, et l’ignoble Veiento, l’un des hommes qui avaient fait le plus de mal sous Domitien. La conversation tomba sur Gatullus Messalinus, le plus abhorré des délateurs : « Que ferait maintenant ce Gatullus, s’il vivait ? dit Nerva. — Ma foi ! dit Mauricus, à bout de patience, il dînerait avec nous[2]. »

Tout le bien qu’on peut faire sans rompre avec le mal, Nerva le fit. On n’aima jamais plus sincèrement le progrès ; un esprit remarquable d’humanité, de douceur entra dans le gouvernement et même dans la législation. Le sénat retrouva son autorité. Les bons esprits crurent le problème du temps, l’alliance

  1. Dion Cassius, LXVIII, 1-4 ; Aurelius Victor, Epit., xii ; Eutrope, Brev., VIII, 1 ; Zonaras, Ann., XI, 20 ; Chron. pasc., p. 251 ; Pline, Panég., 7, 8, 35, 89, et Lettres, I, 5 ; II, 1 ; IV, 22 ; V, 3 ; VII, 33 ; IX, 13 ; X, 62, 63 ; Tacite, Agricola, 3 ; Henzen, Inscr., no 5436 ; Philostrate, Apoll., VIII, vii, 34-36 ; xxvii ; Martial, VIII, 70 ; Eusèbe, H. E., III, xx, 10, et Chron., p. 162, 163, Schœne.
  2. Pline, Epist., IV, 22 ; Aur. Vict, Epit.