Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/397

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Rome[1]. Les chrétiens le lurent avec avidité, l’adoptèrent, et n’eurent besoin que de retoucher légèrement un ou deux passages pour en faire un livre chrétien très-édifiant[2].

L’auteur peut à beaucoup d’égards être considéré comme le dernier prophète d’Israël. L’ouvrage se divise en sept visions, affectant pour la plupart la forme d’un dialogue entre Esdras, supposé exilé à Babylone, et l’ange Uriel ; mais il est facile de voir, derrière le personnage biblique, le juif ardent de l’époque flavienne, plein de rage à cause de la destruction du temple par Titus. Le souvenir de ces jours sombres de l’an 70 monte dans son âme comme la fumée de l’abîme et la remplit de saintes fureurs. Que nous sommes loin avec ce zélote fougueux d’un Josèphe, traitant de scélérats les défenseurs de Jérusalem ! Voici enfin un Juif véritable, qui regrette de n’avoir pas été avec ceux qui périrent dans l’incendie du temple. La révolution de Judée, selon lui, n’a

  1. Ch. i, 1, etc., en tenant compte de l’emploi du mot « Babylone » pour « Rome », trait commun à toutes les Apocalypses.
  2. Ces changements se firent principalement sur la version latine. Voir surtout vii, 28, où Iesus a été substitué à christus, leçon que supposent dans l’original toutes les versions orientales. Ce changement est antérieur à saint Ambroise, Comment. in Luc., II, 31, t. I, fol. 1292, édit. Bénéd. Autres retouches, Volkmar, p. 175 et suiv., 186, 190, 294-295. Les versions orientales ont aussi modifié certains passages (Volkmar, p. 36 et suiv., 293 et suiv.).