Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/491

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nies endurées pour le nom de Jésus, remplissent l’âme de Luc et ont fait de son livre le manuel par excellence du missionnaire chrétien.

La parfaite unité du livre ne permet guère de dire si Luc, en le composant, avait sous les yeux des documents écrits antérieurs, ou s’il fut le premier à écrire l’histoire des apôtres sur des traditions orales. Il y a eu beaucoup d’Actes des Apôtres, comme il y a eu beaucoup d’Évangiles ; mais, tandis que plusieurs Évangiles sont restés dans le canon, un seul livre des Actes y a été conservé. La « Prédication de Pierre »[1], dont le but était de présenter Jérusalem comme la source de tout le christianisme, et Pierre comme le centre de ce christianisme hiérosolymitain, est peut-être aussi ancienne pour le fond que les Actes ; mais certainement Luc ne la connaissait pas. C’est gratuitement aussi que l’on a supposé que Luc aurait remanié et complété, dans le sens de la réconciliation des judéo-chrétiens et de Paul, un écrit plus ancien, composé pour la plus grande gloire de l’Église de Jérusalem et des Douze. Le dessein d’égaler Paul aux Douze et surtout de rapprocher Pierre et Paul est manifeste chez notre auteur ; mais il semble qu’il ne suivit dans son récit qu’un cadre d’exposition

  1. Κήρυγμα Πέτρου, premier noyau, perdu, de la légende pseudo-clémentine, dont le développement sera expliqué dans le tome VIe.