Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/519

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passaient à l’état de ruines. Les associations professionnelles et religieuses, les hétéries, qui étaient si fort dans le goût de l’Asie Mineure[1], s’étaient développées à l’infini ; le christianisme, profitant des facilités que lui laissaient les fonctionnaires chargés de l’arrêter, gagnait de toutes parts. Nous avons vu que l’Asie et la Galatie étaient les pays du monde où la religion nouvelle avait trouvé le plus de faveur[2]. De là, elle avait fait des progrès surprenants vers la mer Noire. Les mœurs en étaient toutes changées. Les viandes immolées aux idoles, qui étaient une des sources de l’approvisionnement des marchés, ne trouvaient plus à se vendre. Le ferme noyau des fidèles n’était peut-être pas très-nombreux ; mais autour d’eux se groupaient des foules sympathiques, à demi initiées, inconstantes, capables de dissimuler leur foi pour éviter un danger, mais au fond ne s’en détachant jamais. Il y avait dans ces conversions en masse des entraînements de mode, des coups de vent, qui tour à tour portaient à l’Église et lui enlevaient des flots de populations instables ; mais le courage des chefs était à toute épreuve ; leur horreur de l’idolâtrie les portait à tout braver pour soutenir

  1. V. Saint Paul, p. 354 et suiv.
  2. Ibid. ch, ii, v, xiii ; l’Antechrist, ch. xv.