Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/65

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blement, n’était pas non plus oublié. Comme on ne rebâtissait pas dans la ville ni aux environs, les énormes pierres des grandes constructions restaient intactes à leur place, si bien que tous les monuments étaient encore parfaitement reconnaissables.

Chassés ainsi de leur ville sainte et de la région qu’ils affectionnaient, les juifs se répandirent dans les villes et les villages de la plaine qui s’étend entre le pied de la montagne de Judée et la mer[1] La population juive s’y multiplia[2]. Une localité surtout fut le théâtre de cette espèce de résurrection du pharisaïsme et devint la capitale théologique des juifs jusqu’à la guerre de Bar-Coziba. Ce fut la cité, primitivement philistine, de Iabné ou Jamnia[3] à quatre lieues et demie au sud de Jaffa[4]. C’était une ville considérable, habitée par des païens et des juifs ; mais les juifs y dominaient, bien que la ville, depuis la guerre de Pompée, eût cessé de faire partie de la Judée. Les luttes y avaient été vives entre

  1. Magna pars Judææ vicis dispergitur. Tacite, Hist., V, 8. Cf. Dion Cassius, LXIX, 14.
  2. Talm. de Jér., Taanith, iv, 8 ; Midrasch Eka, ii, 2 ; Midrasch Schir haschirim, i, 16.
  3. Aujourd’hui village. C’est l’Ibelin des croisés.
  4. Comme d’autres villes philistines, elle avait son port ou maïouma, distant d’une lieue et demie environ.