Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/73

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années avant le siège, un grand nombre de bourgeois riches et paisibles de Jérusalem, prévoyant l’orage qui allait fondre sur la capitale, y avaient acheté des terrains pour s’y retirer[1]. Béther était, en effet, situé dans une vallée fertile, en dehors des

    ture du ouadi Bittir, près duquel sont des ruines appelées Khirbet el-Yahoud, « les ruines des juifs ». V. Ritter, Erdk., XVI, p. 428-429. La distance « quarante milles de la mer », donnée par les Talmuds, se vérifie pour Bittir. Une autre opinion identifie Béther avec Beth-schémesch, en s’appuyant sur la traduction grecque de II Sam., xv, 24 (cf. I Sam., vi, 12), et de I Chron., vi, 59. Bethschémesch est à près de cinq lieues de Jérusalem, dans la direction de Bittir. Il y a eu sans doute une confusion dans l’esprit du traducteur grec (comp. Jos., xv, 10 et 60, selon les Sept.). — Quant aux hypothèses qui cherchent Béther au nord de Jérusalem, elles sont réfutées par cette circonstance que la vente des captifs de Béther eut lieu à Ramel el-Khalil, près d’Hébron (saint Jérôme, In Zach., xi, 4. Cf. In Jerem., xxxi, 15, et Chron. pascale, p. 253-254). Il est vrai que Robinson (Bibl. Res., III, p. 266-271) n’a pas trouvé le site actuel de Bittir répondant, surtout pour l’approvisionnement d’eau, à ce que l’on attend dans l’hypothèse de Bittir = Béther. Mais on peut faire presque les mêmes objections contre le site de Jotapata, qui pourtant n’est pas douteux. Tobler (Dritte Wanderung, p. 103) a cru découvrir des citernes dans l’acropole. M. Guérin (Descr. de la Pal., Judée, II, p. 387 et suiv.) a levé toutes les difficultés en montrant que la ville prise par les Romains pouvait renfermer le village actuel, l’acropole et le plateau inférieur que l’acropole domine. Il faut songer que la ville détruite par les Romains n’eut d’importance que durant quelques années, que sa population était très-pauvre, que les fortifications furent improvisées (Dion Cassius, LXIX, 12), enfin que les récits du Talmud sont remplis d’exagération.

  1. Talm. de Jér., Taanith, iv, 8.