l’apôtre Jude, et, supposant sans doute ce morceau
peu connu, il ne se fit pas scrupule de le faire passer
presque tout entier dans son écrit[1]. Il était pénétré
des épîtres de saint Paul, dont il possédait l’édition
complète[2]. Il fait aussi usage de l’Apocalypse
d’Esdras ou de Baruch[3]. Il ne s’interdit pas de prêter
à Pierre des expressions, des allusions directes
aux faits et même aux textes évangéliques, ainsi
qu’une allégation expresse des épîtres de Paul[4], qui
sûrement ne trouvèrent jamais place dans les dictées
de Céphas. Rassurer les fidèles sur les longs retards
de l’avènement messianique, montrer Pierre et Paul
d’accord sur ce mystère fondamental de la foi chrétienne,
combattre les erreurs du gnosticisme naissant[5],
voilà le but de notre pieux faussaire. Son ouvrage
trouva dans plusieurs Églises un accueil favorable ;
il suscita cependant des protestations, que l’adoption
d’un canon orthodoxe ne fit taire que bien tard[6].
- ↑ II Petri, ch. ii surtout.
- ↑ II Petri, iii, 15-16.
- ↑ Comp. II Petri, i, 19 et IV Esdr., xii, 42. Notez aussi II Petri, ii, 4, 9.
- ↑ II Petri, i, 14, 16-18 ; iii, 2, 15. Le passage i, 14, fait allusion à quelque légende analogue à celle qui se lit dans Jean, xxi, 18 et suiv.
- ↑ Ch. ii. L’auteur applique aux gnostiques les tirades de Jude contre les mal pensants.
- ↑ Eusèbe. H. E., III, iii, 4 ; xxv, 3 ; VI, xiv, 1 ; xxv, 8 ; saint