Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/141

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apôtre ; il appartient à la troisième génération chrétienne ; il consulta ceux qui avaient vu les apôtres. C’était un homme soigneux, connaissant à fond les Écritures, chercheur à sa manière. Recueillir avec zèle et, à certains égards, avec critique les paroles de Jésus, commenter ces paroles au sens le plus littéral, les classer méthodiquement par ordre de matières, rassembler en un mot les traditions de l’âge apostolique déjà disparu, ce fut son œuvre. Il institua pour cela une vaste enquête, qu’il conduisit selon quelques-unes des règles qu’eût prescrites un sain jugement. Mécontent des petits livres que l’on présentait comme le tableau exact de la vie de Jésus, il crut pouvoir mieux faire et prétendit donner l’idée même de l’enseignement de Jésus. Il ne voulait croire que les renseignements originaux. Aussi passa-t-il sa vie à interroger ceux qui pouvaient savoir quelque chose de la tradition primitive.

Je n’étais pas, disait-il dans sa préface, comme la plupart, qui se laissent prendre au flux de paroles ; je n’aimais que ceux qui enseignent des choses vraies. Plein de défiance pour les préceptes bizarres qu’on fait circuler, je ne voulais connaître que ceux qui ont été confiés par le Seigneur à la foi de ses disciples et qui proviennent de la vérité elle-même. Si, par exemple, je rencontrais quelqu’un qui avait suivi les anciens, je le questionnais sur les discours des anciens. Que disait André ? Que disait Pierre ? Que disaient