faire, le régime des castes, eussent tué l’Église, si
l’Église n’eût pris les devants. Ce n’est pas sans raison
que l’orthodoxie gardait une position moyenne entre
les nazaréens, qui ne voyaient en Jésus que le côté
de la nature humaine, et les gnostiques, qui ne
voyaient que le côté de la nature divine. Valentin
se moquait de l’éclectisme naïf qui portait l’Église
à vouloir accoupler deux éléments contraires[1].
L’Église avait raison. Entre la foi réglée et la libre
pensée, il n’y a pas de milieu. Qui n’admet point
l’autorité se met hors de l’Église, et doit se faire
philosophe. « Ils parlent comme l’Église, dit Irénée[2] ;
mais ils pensent autrement. » Triste jeu ! Par les
mêmes raisons que Basilide, Valentin fut amené à l’hypocrisie
et à la fraude. Pour se dégager de la chaîne
apostolique, il prétendit se rattacher à des traditions
secrètes, à un enseignement ésotérique que Jésus n’aurait
communiqué qu’aux plus spiritualistes de ses disciples.
Valentin disait avoir reçu cette doctrine cachée
d’un prétendu Théodadès ou Théodas, disciple de saint
Paul[3]. C’est ce qu’il appelait, ce semble, l’Évangile
de la vérité[4]. L’Évangile de Valentin se rapprochait
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