Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/251

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idée de plus que l’auteur du vieux livre hébreu. Tout finit pour le mieux, puisque Tobie meurt à cent soixante-huit ans, n’ayant éprouvé que des joies depuis ses épreuves, qu’il est enterré honorablement, et que sa femme repose à côté de lui[1]. Son fils meurt à cent vingt-sept ans, en possession de la fortune de ses beaux-parents et de la sienne propre. Avant de mourir, il apprend que Ninive est prise, et il se réjouit de cette bonne nouvelle[2]. Voir le châtiment des ennemis d’Israël, quoi de plus doux !

Dieu apparaît ainsi comme un père qui châtie un fils qu’il aime, et puis a pitié de lui[3]. Quand le juste souffre, c’est une punition de ses fautes ou de celles de ses pères. Mais, s’il s’humilie et s’il prie, Dieu lui pardonne et le rétablit dans un état prospère[4]. Pécher, c’est donc être ennemi de soi-même ; la charité empêche de mourir[5] ; l’aumône sauve[6].

Ce qui est arrivé à Tobie arrivera à Israël. Après

  1. Ch. xiv.
  2. Dernier verset.
  3. Ch. vi, 14 ; xiii, 1 et suiv.
  4. C’est exactement la théorie d’Élihou (discours interpolé dans Job.)
  5. Ch. iv, 10 ; xii, 9, 10 ; xiv, 9 ; Ἵνα σοὶ καλῶς ᾖ.
  6. Δικαιοσύνη ῥύεται. Le mot עדקה, « justice », a, dans l’hébreu moderne, le sens d’aumône. Cf. Matth., vi, 1, etc.