Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/27

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tribuait puissamment. Ce qu’il fit en Asie Mineure fut vraiment prodigieux. Cyzique, Nicée, Nicomédie se relevèrent par ses soins ; des temples de la plus riche architecture éternisèrent partout la mémoire du souverain lettré qui semblait vouloir qu’un monde rajeuni datât de lui. La Syrie ne fut pas moins favorisée. Antioche et Daphné devinrent le séjour le plus délicieux du monde ; les combinaisons de l’architecture pittoresque, les fantaisies du paysagiste, les tours de force de l’hydraulique y furent épuisés[1]. Palmyre même fut en partie renouvelée par le grand architecte impérial, et prit de lui, comme une foule d’autres villes, le nom d’Hadrianopolis[2].

Le monde n’avait jamais tant joui, tant espéré. Les barbares, au delà du Rhin et du Danube, étaient à peine pressentis. L’esprit libéral de l’empereur répandait partout une sorte de contentement. Les Juifs mêmes se montraient partagés. Ceux qui étaient massés à Béther et dans les villages au sud de Jérusalem semblaient possédés d’une rage sombre. Ils n’avaient qu’une idée, relever de force la ville dont l’accès leur était interdit et rendre à la colline choisie de

  1. Malala, p. 278, Bonn.
  2. Etienne de Byz., au mot Πάλμυρα ; Corp. inscr. gr., nos  4482, 6015 ; Waddington, Inscr. gr. de Syr., nos  2440, 2585 ; de Vogüé, Inscr. sémit. de Syr., no 16 et p. 50, note 1. Cf. Spartien, 20.