Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/294

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tion du temple une sorte de dogme, et regardent comme leurs plus mortels ennemis ceux qui prétendent infliger sur ce point un démenti à leurs prophéties[1]. Effectivement, le temple ne se releva que par Omar, c’est-à-dire à l’heure même où le christianisme fut à son tour vaincu à Jérusalem. Quand Omar voulut qu’on lui montrât la place sacrée, il la trouva convertie par les chrétiens en un dépôt d’ordures, par haine contre les juifs[2].

Les ébionites ou nazaréens, retirés pour la plupart au delà du Jourdain, ne partageaient pas naturellement ces sentiments. Ils étaient nombreux et gagnèrent de proche en proche Panéas, tout le pays des Nabatéens, le Hauran et Moab[3]. Ils restaient en rapports avec les juifs ; Aquiba et les plus célèbres docteurs furent connus d’eux ; Aquila était leur traducteur favori ; mais la façon dont ils se trompaient sur le temps où ces deux maîtres fleurirent montre qu’ils n’avaient reçu qu’un écho vague de leur célébrité[4]. Les écrivains de l’Église catholique nous parlent, du

  1. Tentatives sous Constantin et sous Julien. Jean Chrys., In Jud., v, 1, 11 ; vi, 2 ; Adv. opp. vit. mon., 1 ; Contra jud. et gent., 16.
  2. Modjir-eddîn, p. 35, 42, édit. Sauvaire, et dans les Fundgruben des Orients, vol. V, p. 161.
  3. Épiph., xxx, 18.
  4. Saint Jérôme, Ad Algas, quæst, 10 ; In Is., viii, 14 ; xxix, 20 ; Épiph., hær., xv, xxxiii, 9. Cf. Grætz, V, p. 434.