régnait ; le monde, pendant vingt-trois ans, fut gouverné par un père[1]. L’affectation, le faux goût de la littérature tombaient ; on devenait simple[2] ; l’instruction publique fut l’objet d’une vive sollicitude[3]. Tout le monde s’améliorait ; des lois excellentes, surtout en faveur des esclaves, furent portées[4] ; le soulagement de ceux qui souffrent devenait le souci universel. Les prédicateurs de morale philosophique dépassaient même les succès de Dion Chrysostome[5] ; la recherche des applaudissements frivoles était l’écueil qu’ils avaient à éviter[6]. À la cruelle aristocratie romaine se substituait une aristocratie provinciale de gens honnêtes, voulant le bien. La force et la hauteur du monde antique se perdaient ; on devenait bon, doux, patient, humain. Comme il arrive toujours, les idées socialistes profitaient de cette largeur d’idées et faisaient leur apparition[7] ; mais le bon sens général et
- ↑ Aur. Vict., Epit., 15 ; Pausanias, VIII, xliii, 5.
- ↑ Voir, dans les Pensées de Marc-Aurèle, les nombreux passages où il met en opposition les rhéteurs du temps d’Adrien et les philosophes qui les ont remplacés. Lire, en particulier, tout le livre premier.
- ↑ Digeste, XXVII, i, 6 ; Capitolin, Ant., 11.
- ↑ Institut., I, viii, 2.
- ↑ Arrien, Dissert. Epict., III, xxiii, 19. Cf. Galien, Therap. meth., XIII, 15 ; Orig., Contre Celse, III, 50.
- ↑ Arrien, III, xxiii entier. Comp. I, xxi.
- ↑ Lucien, Epistolæ saturnales, en entier.