Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/314

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Pendant que le monde se reprenait à vivre, les juifs et les chrétiens s’obstinaient plus que jamais à vouloir qu’il fût à sa dernière heure. Nous avons vu le faux Baruch s’épuiser en annonces vagues. La sibylle judéo-chrétienne, pendant tout ce temps, ne cessait de tonner[1]. La splendeur toujours croissante de Rome était un sanglant outrage à la vérité divine, aux prophètes, aux saints. Aussi s’appliquait-on à nier effrontément la félicité du siècle. Tous les fléaux naturels, qui continuaient d’être assez nombreux[2], étaient présentés comme des signes d’une colère implacable[3]. Les tremblements de terre d’Asie, passés et actuels[4], étaient exploités dans le sens des

  1. On peut rapporter à ces temps certains morceaux du paragraphe 3 du livre III de Carmina sibyllina. Minucius Felix, 11 : « Mundo cura sideribus suis minantur incendium. »
  2. Les tremblements de terre et les fléaux naturels continuaient d’être très-fréquents, depuis l’effroyable tremblement de terre qui bouleversa Antioche et tout l’Amanus en 115. Voir Dion Cassius (Xiphilin), LXX, 4 ; LXXI, 32 ; Eusèbe, Chron., ann. 6 et 11 d’Adr. ; Spartien, Adr., 21 ; Capitolin, Ant. Pius, 89 ; Aurelius Victor, Epit., 16 ; Eutrope, VIII, 13 ; faux rescrit d’Antonin, dans Eus., H. E., IV, 13 ; Chron. Alex., an 128, etc. ; Ælius Aristide, III, p. cxiii, cxlvi, édit. Dindorf ; Mém. de l’Acad. des inscr., nouv. série, t. XXVI, 1re partie, p. 242-245, 267-268 ; Tillemont, Emp., II, Marc-Aurèle, art. 24 ; Antonin, art. 6 ; index, p. 623 ; Mém., II, p. 383 ; Corpus inscr. gr., no 1104.
  3. Carm. sib., III, 334-338.
  4. Ibid., v. 341 et suiv., 471-473.