Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/39

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salem était trop célèbre pour faire exception dans ce mouvement de dilettantisme historique et d’universelle rénovation.

Il est probable que, si les Juifs avaient été moins entiers dans leurs idées, si quelque Philon de Byblos avait existé parmi eux pour présenter le passé juif comme une variété simplement glorieuse et intéressante entre les diverses littératures, religions, philosophies de l’humanité, le curieux et intelligent Adrien eût été enchanté, et eût rebâti le temple, non pas précisément comme le voulaient les docteurs, mais à sa façon éclectique, en grand amateur de cultes anciens qu’il était. Le Talmud est plein des conversations d’Adrien avec les rabbins célèbres[1], conversations fictives assurément, mais qui répondent bien au caractère de cet empereur, bel esprit, grand causeur, questionneur, curieux de choses bizarres, avide de tout savoir pour en plaisanter ensuite. Mais la pire injure qu’on puisse faire aux partis absolus est d’être tolérant pour eux. Les juifs ressemblaient tout à fait sous ce rapport aux catholiques exaltés de nos jours. De telles convictions ne souffrent pas

  1. En particulier, Rabbi Josué, Bereschith rabba, ch. xxviii, lxxviii, init. ; Midrasch sur Ruth, i, 17 ; sur Koh., i, 7 ; sur Esther, ix, 2 ; Talm. de Bab., Hagiga, 5 b ; Berakoth, 56 a. Comparez le roman philosophique de Secundus.