Pagus[1]. Le peuple y était déjà rassemblé ; c’était
un vacarme infernal. Au moment où le vieillard fut
introduit, le bruit redoubla ; les chrétiens seuls entendirent
une voix du ciel qui disait : « Sois fort, sois
viril, Polycarpe ! » On mena l’évêque au proconsul[2],
qui employa les phrases ordinaires en pareille circonstance :
« Au nom du respect que tu dois à ton
âge, etc., jure par la fortune de César, crie comme
tout le monde : « Plus d’athées ! » Polycarpe alors, promenant
un regard sévère sur la foule qui couvrait les
gradins, et la montrant de la main : « Oui, certes,
dit-il, plus d’athées ! » et il leva les yeux au ciel avec
un profond soupir. « Insulte le Christ, lui dit Statius
Quadratus. — Il y a quatre-vingt-six ans que je
le sers, et il ne m’a jamais fait aucun mal, dit Polycarpe.
Je suis chrétien... Si tu veux savoir ce que
c’est qu’un chrétien, ajouta-t-il, accorde-moi un délai
d’un jour, et prête-moi ton attention. — Persuade
donc cela au peuple, répondit Quadratus. — Avec
toi, il vaut la peine de discuter, répondit Polycarpe.
- ↑ Ce stade est encore assez bien conservé.
- ↑ Selon la lettre des Smyrniotes, cet interrogatoire aurait eu lieu dans le stade même, ce qui parait peu admissible. Mais le tribunal du proconsul pouvait être voisin du stade. Le proconsul ne paraît pas avoir assisté au supplice. Comparez les Actes de saint Pione, déjà cités.