Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/74

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détails que les premiers narrateurs ignoraient ou avaient négligés. Quant aux discours de Jésus, tels que la tradition galiléenne les redisait, l’Église d’Éphèse, si elle les connut, les laissa tomber dans une sorte d’oubli. Avec l’esprit du temps, on ne se faisait pas plus de difficulté de prêter à Jésus des discours destinés à fonder telle ou telle doctrine, que les auteurs de la Thora et les anciens prophètes en général ne se firent scrupule de faire parler Dieu dans le sens de leur passion.

Ainsi naquit le quatrième Évangile, écrit de nulle valeur, s’il s’agit de savoir comment Jésus parlait, mais supérieur aux Évangiles synoptiques en ce qui touche l’ordre des faits[1]. Les séjours de Jésus à Jérusalem, l’institution de l’Eucharistie, que notre auteur fait résulter d’une habitude de Jésus et non d’une parole prononcée à un moment précis, l’agonie anticipée de Jésus, non rapportée au soir de la veille de sa mort, une foule de circonstances relatives à la Passion, à la résurrection et à la vie d’outre-tombe du Sauveur ; certaines particularités : par exemple, ce qui concerne Cana, l’apôtre Philippe, les frères de Jésus, la mention de Clopas comme membre de la famille de Jésus[2],

  1. Ce point a été longuement développé dans l’appendice à la Vie de Jésus, 13e édition et suiv.
  2. Jean, xix, 25. Comment, si le quatrième Évangile était dénué