Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/76

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quatrième Évangile nous représente en partie ; et traiter cet Évangile de composition artificielle, sans base traditionnelle, c’est en méconnaître le caractère aussi gravement que quand on y voit un document de première main et d’un bout à l’autre original.

Ce qui, dans le quatrième Évangile, est vraiment artificiel, sans base traditionnelle, ce sont les discours qui sont placés dans la bouche de Jésus. La critique doit mettre ces discours sur le même pied que les entretiens dont Platon fait honneur à Socrate. Deux omissions y sont frappantes : on n’y trouve ni une seule parabole, ni un seul discours apocalyptique sur la fin du monde et l’apparition messianique. On sent que les espérances d’un prochain éclat dans les nues avaient perdu une partie de leur force[1]. Selon le quatrième Évangile, le vrai retour de Jésus après qu’il aura quitté le monde, c’est l’envoi que Jésus

    clém., iii, 52 ; Philosophumena, V, viii, p. 157 (Duncker) ; Pasteur d’Hermas, Sim. ix, 12. Cf. Hilgenfeld, Nov. Test. extra can. rec., IV, p. 41, note 2. — Une autre curieuse consonnance se remarque entre Jean, iii, 4 ; Homélies pseudo-clém., xi, 26 ; Justin, Apol. I, 61.

  1. Nous disons une partie ; car, outre que certains passages de l’Évangile : v, 28 ; vi, 39, 40, 44, 54 ; xi, 24, supposent la résurrection au dernier jour, le retour de Jésus est clairement exprimé dans l’épître johannique (I Joh., ii, 18, 28 ; iii, 2, 5 ; iv, 17) et dans l’appendice de l’Évangile (chapitre xxi, 22-23), dont la concordance doctrinale avec l’Évangile lui-même est absolue.