Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Vie ; il se déclare Dieu ; on ne vient au Père que par lui. De telles affirmations lourdes et solennelles ne sauraient être faites sans un air de choquante présomption. Dans les Évangiles synoptiques, le Dieu ne s’affirme pas ; il se révèle par le charme de ses discours impersonnels. Ici le Dieu argumente afin de démontrer sa divinité. C’est la rose se faisant disputeuse pour prouver son parfum. L’auteur, en pareil cas, se préoccupe si peu de la vraisemblance, que parfois rien n’indique où les discours de Jésus finissent et où les dissertations du narrateur commencent[1]. D’autres fois, il rapporte des conversations auxquelles personne n’a pu assister[2]. On sent que son vrai dessein n’est pas de rapporter des paroles qui ont été réellement tenues, mais qu’il veut surtout donner de l’autorité à des idées qui lui sont chères, en les mettant dans la bouche du maître divin.

  1. Notez surtout la suite de l’entretien avec Nicodème. Jean, iii.
  2. Par exemple celles de Jésus avec Nicodème, avec la Samaritaine, avec Pilate.