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de Logos[1]. Il devint pour les chrétiens une sorte de remplaçant de Jésus[2], procédant comme lui du Père, qui devait consoler les disciples de l’absence de leur maître, quand celui-ci aurait disparu. Cet esprit de vérité, que le monde ne connaît pas, sera l’éternel inspirateur de l’Église[3]. Une telle façon d’ériger des abstractions en hypostases divines était dans le goût du temps. Ælius Aristide, contemporain et compatriote de l’auteur du quatrième Évangile, s’exprime, dans son sermon sur Athéné[4], d’une manière qui s’écarte à peine de celle des chrétiens. « Elle habite en son père, intimement unie à son essence ; elle respire en lui ; elle est sa compagne et sa conseillère. Elle s’assied à sa droite ; elle est le ministre suprême de ses ordres, n’a qu’une volonté avec lui, si bien qu’on peut lui attribuer toutes les œuvres de son père. » Isis était connue comme jouant un rôle analogue auprès d’Ammon[5].

La révolution profonde que de telles idées devaient introduire dans la manière de concevoir la vie de Jésus s’aperçoit d’elle-même. Jésus désormais n’aura

  1. Philon, De mundi opif., 6.
  2. Ἄλλον παράκλητον. Jean, xvi, 16.
  3. Jean, xiv, 16, 26 ; xv, 26 ; xvi, 7.
  4. Opp., I, p. 12 et suiv., Dindorf. Cf. Justin, Apol. I, 64.
  5. Traité d’Isis et Osiris, dans Plut., ch. 3.