Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/102

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bourgade à l’ancienne manière, par opposition aux grandes villes bâties selon la mode romaine, comme Tibériade. Ce nom avait si peu de notoriété, que Josèphe, à un endroit de ses écrits, le prend pour le nom d’une fontaine, la fontaine ayant plus de célébrité que le village situé près d’elle. Comme Nazareth, Capharnahum était sans passé, et n’avait en rien participé au mouvement profane favorisé par les Hérodes. Jésus s’attacha beaucoup à cette ville et s’en fit comme une seconde patrie. Peu après son retour, il avait dirigé sur Nazareth une tentative qui n’eut aucun succès. Il n’y put faire aucun miracle, selon la naïve remarque d’un de ses biographes. La connaissance qu’on avait de sa famille, laquelle était peu considérable, nuisait trop à son autorité. On ne pouvait regarder comme le fils de David celui dont on voyait tous les jours le frère, la sœur, le beau-frère. Il est remarquable, du reste, que sa famille lui fit une assez vive opposition, et refusa nettement de croire à sa mission. Les Nazaréens, bien plus violents, voulurent, dit-on, le tuer en le précipitant d’un sommet escarpé. Jésus remarqua avec esprit que cette aventure lui était commune avec tous les grands hommes, et il se fit l’application du proverbe : « Nul n’est prophète en son pays. »

Cet échec fut loin de le décourager. Il revint à Capharnahum, où il trouvait des dispositions beaucoup meilleures, et, de là, il organisa une série de missions