Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/117

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qu’après la mort de Mahomet, les femmes et les filles du prophète, qui n’avaient pas eu d’importance de son vivant, furent de grandes autorités.

Dans cette foule amie, Jésus avait évidemment des préférences et en quelque sorte un cercle plus étroit. Les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, paraissent en avoir fait partie en première ligne. Ils étaient pleins de feu et de passion. Jésus les avait surnommés avec esprit « fils du tonnerre, » à cause de leur zèle excessif, qui, s’il eût disposé de la foudre, en eût trop souvent fait usage. Jean, surtout, paraît avoir été avec Jésus sur le pied d’une certaine familiarité. Peut-être l’école nombreuse et active qui s’attacha plus tard à ce disciple, et qui nous a transmis ses souvenirs, a-t-elle exagéré l’affection de cœur que le maître lui aurait portée. Ce qui est plus significatif, c’est que, dans les évangiles dits synoptiques, Simon Barjona ou Pierre, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, forment une sorte de comité intime que Jésus appelle à certains moments où il se défie de la foi et de l’intelligence des autres. Il semble d’ailleurs qu’ils étaient tous les trois associés dans leurs pêcheries. L’affection de Jésus pour Pierre était profonde. Le caractère de ce dernier, droit, sincère, plein de premier mouvement, plaisait à Jésus, qui parfois se laissait aller à sourire de ses façons décidées. Pierre, peu mystique, communiquait au maître ses doutes naïfs, ses répugnances, ses