Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/164

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et ayant voulu l’épouser (vers l’an 28 avant J. C), ne vit d’autre moyen, pour anoblir son beau-père et l’élever jusqu’à lui, que de le faire grand prêtre. Cette famille intrigante resta maîtresse, presque sans interruption, du souverain pontificat pendant trente-cinq ans. Étroitement alliée à la famille régnante, elle ne le perdit qu’après la déposition d’Archélaüs, et elle le recouvra (l’an 42 de notre ère) après qu’Hérode Agrippa eut refait pour quelque temps l’œuvre d’Hérode le Grand. Sous le nom de Boëthusim, se forma ainsi une nouvelle noblesse sacerdotale, très-mondaine, très-peu dévote, qui se fondit à peu près avec les Sadokites. De tout cela résulta autour du temple une sorte de « cour de Rome, » vivant de politique, peu portée aux excès de zèle, les redoutant même, ne voulant pas entendre parler de saints personnages ni de novateurs, car elle profitait de la routine établie. Ces prêtres épicuriens n’avaient pas la violence des pharisiens ; ils ne voulaient que le repos ; c’étaient leur insouciance morale, leur froide irréligion qui révoltaient Jésus. Bien que très-différents, les prêtres et les pharisiens se confondirent ainsi dans ses antipathies. Mais, étranger et sans crédit, il dut longtemps renfermer son mécontentement en lui-même et ne communiquer ses sentiments qu’à la société intime qui l’accompagnait.

Avant le dernier séjour, de beaucoup le plus long de tous qu’il fit à Jérusalem et qui se termina par sa mort,