Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/22

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tration d’esprit, à s’expliquer ces différences, trouvent toujours quelque chose de choquant dans les récits du passé ; car le passé, si héroïque, si grand, si original, n’avait pas, sur certains points fort importants, les mêmes idées que nous. L’histoire complète ne peut reculer devant cette difficulté, même au risque de provoquer les plus graves méprises. La sincérité scientifique ne connaît pas les mensonges prudents. Il n’est pas en ce monde un motif assez fort pour qu’un savant se contraigne dans l’expression de ce qu’il croit la vérité. Mais, quand une fois on a dit, sans une ombre d’arrière-pensée, ce qu’on croit certain ou probable ou possible, n’est-il pas permis de laisser là les distinctions subtiles pour s’attacher uniquement à l’esprit général des grandes choses, que tous peuvent et doivent comprendre ? N’a-t-on pas le droit d’effacer les dissonances pour ne plus songer qu’à la poésie et à l’édification, qui surabondent en ces vieux récits ? Le chimiste sait que le diamant n’est