Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/24

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c’est ainsi qu’il est resté dans le cœur des hommes. Voilà ce qui a vécu en lui, ce qui a charmé le monde et créé son immortalité.

Je ne réfuterai pas pour la vingtième fois le reproche qu’on m’adresse de porter atteinte à la religion. Je crois la servir. Certaines personnes s’imaginent que, par de timides réticences, on empêchera le peuple de perdre la foi au surnaturel. Quand même une telle précaution serait honnête, elle serait fort inutile. Cette foi, le peuple l’a perdue. Le peuple, en cela d’accord avec la science positive, n’admet pas le surnaturel particulier, le miracle. Faut-il conclure de là qu’il est étranger aux hautes croyances qui font la noblesse de l’homme ? Ce serait une grave erreur. Le peuple est religieux à sa manière. Quoi de plus touchant que son respect pour la mort ? Son courage, sa sérénité, son désir de s’instruire, son indifférence au ridicule, ses grands instincts d’héroïsme, son goût pour