Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/250

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avec la mort elle-même, furent ainsi l’image du Testament nouveau que Jésus avait scellé de ses souffrances, la commémoration du sacrifice du Christ jusqu’à son avénement.

Un haut sentiment d’amour, de concorde, de charité, de déférence mutuelle animait, du reste, les souvenirs qu’on croyait garder des dernières heures de Jésus. C’est toujours l’unité de son Église, constituée par lui ou par son esprit, qui est l’âme des symboles et des discours que la tradition chrétienne fit remonter à ce moment sacré. « Je vous donne un commandement nouveau, disait-il : c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Le signe auquel on connaîtra que vous êtes mes disciples, sera que vous vous aimiez. Je ne vous appelle plus des serviteurs, parce que le serviteur n’est pas dans la confidence de son maître ; mais je vous appelle mes amis, parce que je vous ai communiqué tout ce que j’ai appris de mon Père. Ce que je vous ordonne, c’est de vous aimer les uns les autres. » À ce dernier moment, quelques rivalités, quelques luttes de préséance se produisirent encore. Jésus fit remarquer que, si lui, le maître, avait été au milieu de ses disciples comme leur serviteur, à plus forte raison devaient-ils se subordonner les uns aux autres. Selon quelques-uns, en buvant le vin, il aurait dit : « Je ne goûterai plus de ce fruit de la vigne jusqu’à ce que je le boive nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. Selon