par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples étaient l’objet. Dans le sein même du judaïsme, Jésus ne fit pas une impression durable. Philon, mort vers l’an 50, n’a aucun soupçon de lui. Josèphe, né l’an 37 et écrivant sur la fin du siècle, mentionne son exécution en quelques lignes, comme un événement d’importance secondaire ; dans l’énumération des sectes de son temps, il omet les chrétiens. La Mischna, d’un autre côté, n’offre aucune trace de l’école nouvelle ; les passages des deux Gémares où le fondateur du christianisme est nommé ne nous reportent pas au delà du quatrième ou du cinquième siècle. L’œuvre essentielle de Jésus fut de créer autour de lui un cercle de disciples auxquels il inspira un attachement sans bornes, et dans le sein desquels il déposa le germe de sa doctrine. S’être fait aimer « à ce point qu’après sa mort on ne cessa pas de l’aimer[1], » voilà le chef-d’œuvre de Jésus et ce qui frappa le plus ses contemporains. Sa doctrine était quelque chose de si peu dogmatique, qu’il ne songea jamais à l’écrire ni à la faire écrire. On était son disciple non pas en croyant ceci ou cela, mais en s’attachant à sa personne et en l’aimant. Quelques sentences bientôt recueillies de souvenir, et surtout son type moral et l’impression qu’il avait laissée, furent ce qui resta de lui. Jésus n’est pas un fondateur de dogmes, un faiseur de
- ↑ Josèphe.