Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/90

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Satan est le « roi de ce monde, » et tout lui obéit. Les rois tuent les prophètes. Les prêtres et les docteurs ne font pas ce qu’ils ordonnent aux autres de faire. Les justes sont persécutés, et l’unique partage des bons est de pleurer. Le « monde » est de la sorte l’ennemi de Dieu et de ses saints ; mais Dieu se réveillera et vengera ses saints. Le jour est proche ; car l’abomination est à son comble. Le règne du bien aura son tour.

L’avénement de ce règne du bien sera une grande révolution subite. Le monde semblera renversé ; l’état actuel étant mauvais, pour se représenter l’avenir, il suffit de concevoir à peu près le contraire de ce qui existe. Les premiers seront les derniers. Un ordre nouveau gouvernera l’humanité. Maintenant le bien et le mal sont mêlés comme l’ivraie et le bon grain dans un champ. Le maître les laisse croître ensemble ; mais l’heure de la séparation violente arrivera. Le royaume de Dieu sera comme un grand coup de filet, qui amène du bon et du mauvais poisson ; on met le bon dans des jarres, et on se débarrasse du reste. Le germe de cette grande révolution sera d’abord méconnaissable. Il sera comme le grain de sénevé, qui est la plus petite des semences, mais qui, jeté en terre, devient un arbre sous le feuillage duquel les oiseaux viennent se reposer ; ou bien il sera comme le levain qui, déposé dans la pâte, la fait fermenter tout entière. Une série de paraboles, souvent obscures, était destinée à exprimer les surprises