sensé qui puisse espérer de faire des découvertes dans un tel ordre de spéculations ? La vraie théodicée, c’est la science des choses, la physique, la physiologie, l’histoire, prise d’une façon religieuse. La religion, c’est savoir et aimer la vérité des choses. Une proposition ne vaut qu’en tant qu’elle est comprise et sentie. Que signifie cette formule scellée, en langue inconnue, cet a+b théologique, que vous présentez à l’humanité en lui disant « Ceci gardera ton âme pour la vie éternelle : mange et tu seras guéri », pilule qu’il ne faut pas presser entre ses dents, sous peine de ressentir une cruelle amertume ? Eh que m’importe à moi, si je n’en sens pas le goût ? Faites-moi avaler une balle de plomb, cela opérera tout de même. Que me font des phrases stéréotypées qui n’ont pas de sens pour moi, semblables aux formules de l’alchimiste et du magicien qui opèrent d’elles-mêmes, ex opere operato, comme disent les théologiens. Docteurs noirs et scolastiques, soigneux seulement de votre Incarnation et de votre Présence réelle, le temps est venu où l’on n’adorera le Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem, mais en esprit et en vérité (190).
M. Proudhon est certainement une intelligence philosophique très distinguée. Mais je ne puis lui pardonner ses airs d’athéisme et d’irréligion. C’est se suicider que d’écrire des phrases comme celle-ci : « L’homme est destiné à vivre sans religion : une foule de symptômes démontrent que la société, par un travail intérieur, tend incessamment à se dépouiller de cette enveloppe désormais inutile. » Que si vous pratiquez le culte du beau et du vrai, si la sainteté de la morale parle à votre cœur, si toute beauté, toute vérité, toute bonté vous reporte au foyer de la vie sainte, à l’esprit, que si, arrivé