Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/165

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trembler et tue, toute cette mythologie, pleine de vengeance et de terreurs, frappaient vivement les esprits et marquaient, en quelque sorte, d’un signe de naissance tous les enfantements populaires. Quiconque aspirait à une grande action sur le peuple devait imiter Élie, et comme la vie solitaire avait été le trait essentiel de ce prophète, on s’habitua à envisager « l’homme de Dieu » comme un ermite. On s’imagina que tous les saints personnages avaient eu leurs jours de pénitence, de vie agreste, d’austérités. La retraite au désert devint ainsi la condition et le prélude des hautes destinées.

Nul doute que cette pensée d’imitation n’ait beaucoup préoccupé Jean [8b]. La vie anachorétique, si opposée à l’esprit de l’ancien peuple juif, et avec laquelle les vœux dans le genre de ceux des Nazirs et des Réchabites n’avaient aucun rapport, faisait de toutes parts invasion en Judée. Les Esséniens ou Thérapeutes étaient groupés près du pays de Jean, sur les bords orientaux de la mer Morte. On s’imaginait que les chefs de sectes devaient être des solitaires, ayant leurs règles et leurs instituts propres, comme des fondateurs d’ordres religieux. Les maîtres