Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/77

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qui nous a valu le pardon a pesé sur lui, et ses meurtrissures ont été notre guérison. Nous étions comme un troupeau errant, chacun s’était égaré, et Jéhovah a déchargé sur lui l’iniquité de tous. Écrasé, humilié, il n’a pas ouvert la bouche ; il s’est laissé mener comme un agneau a l’immolation ; comme une brebis silencieuse devant celui qui la tond, il n’a pas ouvert la bouche. Son tombeau passe pour celui d’un méchant, sa mort pour celle d’un impie. Mais du moment qu’il aura offert sa vie, il verra naître une postérité nombreuse, et les intérêts de Jéhovah prospéreront dans sa main. »

De profondes modifications s’opérèrent en même temps dans la Thora. De nouveaux textes, prétendant représenter la vraie loi de Moïse, tels que le Deutéronome, se produisirent et inaugurèrent en réalité un esprit fort différent de celui des vieux nomades. Un grand fanatisme fut le trait dominant de cet esprit. Des croyants forcenés provoquent sans cesse des violences contre tout ce qui s’écarte du culte de Jéhovah ; un code de sang, édictant la peine de mort pour des délits religieux, réussit à s’établir. La piété amène presque toujours de singulières oppositions de véhémence et de douceur. Ce zèle, inconnu à la grossière simplicité du temps des Juges, inspire des tons de prédication émue et d’onction