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Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/84

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christianisme. Le juif de cette époque était aussi peu théologien que possible. Il ne spéculait pas sur l’essence de la divinité ; les croyances sur les anges, sur les fins de l’homme, sur les hypostases divines, dont le premier germe se laissait déjà entrevoir, étaient des croyances libres, des méditations auxquelles chacun se livrait selon la tournure de son esprit, mais dont une foule de gens n’avaient pas entendu parler. C’étaient même les plus orthodoxes qui restaient en dehors de toutes ces imaginations particulières, et s’en tenaient à la simplicité du mosaïsme. Aucun pouvoir dogmatique analogue à celui que le christianisme orthodoxe a déféré à l’Église n’existait alors. Ce n’est qu’à partir du IIIe siècle, quand le christianisme est tombé entre les mains de races raisonneuses, folles de dialectique et de métaphysique, que commence cette fièvre de définitions, qui fait de l’histoire de l’Église l’histoire d’une immense controverse. On disputait aussi chez les Juifs ; des écoles ardentes apportaient à presque toutes les questions qui s’agitaient des solutions opposées ; mais dans ces luttes, dont le Talmud nous a conservé les principaux détails, il n’y a pas un seul mot de théologie spéculative. Observer et maintenir la loi, parce que la loi est juste, et que, bien observée, elle donne le bonheur, voilà tout le