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Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/63

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berbères, races lourdes, brutales et sans esprit. L’islamisme offre cette particularité qu’il a obtenu de ses adeptes une foi toujours de plus en plus forte. Les premiers Arabes qui s’engagèrent dans le mouvement croyaient à peine en la mission du Prophète. Pendant deux ou trois siècles, l’incrédulité est à peine dissimulée. Puis vient le règne absolu du dogme, sans aucune séparation possible du spirituel et du temporel ; le règne avec coercition et châtiments corporels pour celui qui ne pratique pas ; un système, enfin, qui n’a guère été dépassé, en fait de vexations, que par l’Inquisition espagnole. La liberté n’est jamais plus profondément blessée que par une organisation sociale où le dogme règne et domine absolument la vie civile. Dans les temps modernes, nous n’avons vu que deux exemples d’un tel régime : d’une part, les États musulmans ; de l’autre, l’ancien État pontifical du temps du pouvoir temporel. Et il faut dire que la papauté temporelle n’a pesé que sur un bien petit pays, tandis que l’islamisme écrase de vastes portions de notre globe et y maintient l’idée la plus opposée au progrès : l’État fondé sur une prétendue révélation, le dogme gouvernant la société.

Les libéraux qui défendent l’islam ne le connaissent pas. L’islam, c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne d’un dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. Dans la première moitié du moyen âge, je le répète, l’islam a supporté la philosophie, parce qu’il n’a pas