Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/145

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sursaut, et son réveil a été terrible. Du reste, nous continuons à être fort grands amis, et je crois que nous le serons, parce qu’il est droit et qu’il a un bon cœur, et de la générosité dans le caractère. Son caractère diffère cependant du mien sous plusieurs rapports ; j’ai encore un autre ami, qui a un esprit à peu près tourné comme le mien et pour lequel j’ai un très sincère attachement. C’est un Bourguignon, ce qui n’empêche que ce ne soit un excellent jeune homme. Ces bonnes amitiés me sont une légère consolation dans mon exil. Mais ce qui m’est une grande consolation, c’est de penser à vous et à notre réunion. S’étendra-t-elle au delà des vacances ? c’est ce que sait le bon Dieu c’est bien aussi ce que je désire, mais… nous en parlerons à loisir dans cinq mois.

Mon Dieu, qu’il est dur d’être séparés [ Mais il faut avouer que ç’a été une bien bonne invention que celle de s’écrire des lettres ; C’est une vraie conversation qui supplée à la conversation de vive voix. Aussi quel plaisir quand je reçois des lettres de vous je les lis, je les relis, je les dévore. Quel plaisir aussi