Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/192

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ma bonne mère, qu’il est de la plus haute importance de faire ce premier pas avec sens et jugement. Je n’ai pas voulu qu’il se fît un acte important dans ma vie, dont vous ne fussiez en quelque sorte la conseillère ; pesez donc ce que je viens de vous dire, et examinez devant Dieu la réponse que vous devez y faire. Vous sentez que toute vue humaine, toute considération qui n’aurait pas pour fin la pure volonté de Dieu serait ici plus que déplacée.

Du reste, je le répète, ma bonne mère, il n’y a encore rien de décidé. Les délais et les réflexions, si utiles en toutes les affaires, sont ici strictement indispensables. Aussi Monsieur Gosselin ne m’a-t-il donné encore aucune réponse décisive. Sa prudence, sa sagesse, son expérience sont des garants suffisants de la confiance que j’ai mise en lui. En ces choses, la vocation divine doit seule être consultée, et la vocation divine ne se connaît que par la volonté d’un sage directeur. Je crois qu’en cet état de choses, vous feriez bien de tenir la chose secrète ; on ne se repent jamais d’avoir retardé la publicité, et on se repent souvent de l’avoir