Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/25

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attristé que vous êtes seule, et qu’à cette heure où je vous écris vous êtes peut-être tristement à penser à vos enfants. Henriette m’a dit qu’elle ne vous croyait pas éloignée d’aller passer quelques mois auprès d’Alain à Saint-Malo. Vous savez ce que vous avez à faire, ma bonne mère, faites tout pour le mieux, mais je souffre en pensant que vous êtes seule.

Nous avons reçu la semaine dernière une bien grande grâce, je veux parler d’une retraite qui a eu lieu dans le séminaire, qui a commencé mardi soir et fini hier. Je me trouve bien plus tranquille et plus calme depuis ce saint exercice ; je m’étais imposé pour règle non d’oublier ma chère maman, mais de faire trêve à mes regrets pour ne penser qu’à mon Dieu. Hélas ! je n’y ai pas toujours été fidèle, mais enfin le bon Dieu a béni mes efforts en me donnant une paix profonde et plus de courage qu’auparavant. Je vous assure que j’ai trouvé bien du plaisir ce matin à penser plus librement à vous et à me rappeler tous mes souvenirs. Je commence à m’habituer non à être séparé de vous, ma bonne mère, mais à mon nouveau genre de