Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/326

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premiers moments, j’aurais voulu qu’il vous les communiquât de même ; je le lui ai fortement conseillé attendu que les détours, même les plus innocents, ne sont à mes yeux que des détours, c’est-à-dire des choses qu’il faut éviter avec soin. La crainte de vous faire de la peine, de vous affecter trop vivement par une nouvelle inattendue, l’espérance de vous amener sans secousse à envisager un changement possible dans son avenir, voilà ce qui l’a retenu, ce qui l’a porté à me supplier avec les plus vives instances de garder pour moi seule ce qu’il me confiait. Maintenant, chère maman, que je vois dans quelles incertitudes vous avez été plongée, je regrette, et de toute mon âme, de n’avoir pas suivi mon impulsion personnelle, car je vous assure, ma bonne mère, en toute sincérité, qu’il n’y a rien à cacher, qu’il n’y a rien d’affligeant dans ce que j’ai à vous apprendre. Vous le penserez comme moi, lorsque je vous aurai raconté les différentes phases de cette affaire.

Il y a environ dix-huit mois que j’ai vu poindre pour la première fois dans les lettres