Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/100

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elle est imperceptible. Autant à Saint-Nicolas les études étaient légères, autant ici elles sont sérieuses. Mais aussi il y a bien quelques compensations. Autant à Saint-Nicolas, les soins personnels pour chaque élève étaient grands, autant ici ils sont oubliés. On est complètement livré à soi-même pour les études, les soins matériels, etc. Et je conçois qu’il doive en être ainsi, car on n’a plus affaire à des enfants comme à Saint-Nicolas. Les professeurs et directeurs ne sont en rien distingués des élèves ; c’est le règne de l’égalité, non seulement d’élève à élève, mais d’élève à professeur. Cela donne à la vie quelque chose de plus libre, de moins contraint. Quant aux élèves, ils sont beaucoup plus sérieux qu’à Saint-Nicolas ; il en est parmi eux plusieurs de grand talent ; c’est même ce qui distingue le séminaire Saint-Sulpice. Comme c’est le séminaire de toute la France et non pas spécialement de Paris, chaque évêque y envoie ses sujets les plus distingués pour y recevoir un enseignement plus complet ; cela fait que la plupart des élèves y sont, pour les talents, au-dessus de l’ordinaire. Le petit esprit y est