Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/141

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jours, sans mauvaise intention, en affaires d’argent ; puis il s’est absenté et n’est pas encore de retour. Notre pauvre mère m’accuse peut-être, tandis que je n’ai rien négligé pour être exacte à remplir ma promesse ; il n’est pas un moment où je ne songe qu’elle est peut-être dans l’embarras, et que toi-même … Mon Dieu ! cela me désole !… Pourquoi donc les grands ne peuvent-ils pas penser que ceux qui n’ont d’autre fortune que le fruit de leur travail ont besoin de le recevoir régulièrement ! C’est qu’hélas ! mon cher ami, l’homme ne sait entrer que dans les peines qu’il a souffertes, tout le reste n’existe pas pour lui : que de fois j’ai eu l’occasion de reconnaître cette vérité. Ceci n’est une accusation contre personne ; au contraire, c’est une excuse. — J’espère que bientôt je pourrai lever cette difficulté qui me pèse si lourdement.

Dis-moi, mon ami, à quelle époque commencent tes vacances ; je n’oublie pas que tu dois les passer cette année près de notre bonne mère et je veux à l’avance prendre mes mesures pour la réalisation de ce cher projet. Écris-moi, je t’en supplie, quand cela