Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/179

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depuis longtemps un élément de tous mes projets. Que de rêves, ma chère Henriette, et que nous serions ridicules si en les formant nous n’en riions nous-mêmes !

Quant à un avenir plus éloigné, bien souvent, il est vrai, il attire aussi ma pensée ; mais je me suis imposé la loi de ne m’en laisser jamais préoccuper. Toutefois, je crois qu’il est utile d’y jeter parfois un coup d’œil pour régler sa marche d’après le point où l’on vise. Or, j’ai déjà des données importantes qui m’assurent que je ne serai pas contre mes inclinations engagé dans une sphère d’occupations disproportionnée à mes goûts et à mes besoins intellectuels. La principale de ces données est l’opinion bien formulée de mes directeurs sur mes aptitudes et la tendance de mon caractère, opinion qui, tu peux le croire, a la plus décisive influence sur l’avenir. Ils me l’ont souvent formellement déclaré, et je me l’étais dit avant eux : le ministère ordinaire, ce qu’on peut appeler le ministère des paroisses, ne serait nullement la fonction convenable à mon esprit.

Mais, dit-on, en dehors de ce ministère, il