Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/261

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un point bien difficile, et sur lequel j’ai dû réfléchir longtemps avant de découvrir la vraie ligne de conduite que j’y devais tenir. Voici celle à laquelle je me suis arrêté. Presque aussitôt mon arrivée, je parlerai à maman de notre projet pour l’Allemagne. Je suis certain qu’elle en sera satisfaite ; je lui en avais déjà parlé vaguement autrefois, et ce projet parut beaucoup lui sourire. Quand je lui ai dit que j’apprenais l’allemand, elle me fit d’elle-même la réflexion que cela me serait utile pour ce projet, et surtout, disait-elle, pour me rapprocher de toi. Cette bonne mère s’imagine que dès que je serai en Allemagne, nous serons près l’un de l’autre. Plût à Dieu que ce ne fût pas une illusion de son bon cœur ! Je lui laisserai, de plus, entrevoir que bien des incertitudes travaillent mon âme, qu’il serait possible, etc… En un mot je lui présenterai la chose aux termes où elle en était il y a six mois, comme une excellente place d’expectative. Mais je ne lui dirai absolument rien de tous nos autres projets, et en effet je regarde comme bien probable que celui d’Allemagne aura la préférence. D’ailleurs,