Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/286

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en soi-même plus de mérite réel. Tes idées là-dessus sont fort justes, ne les oublie pas, mon Ernest, si tu voyais de ce côté quelque issue, et songe aussi qu’en ceci, comme en toute chose, tu me trouveras prête à faire tout ce qui dépendra de moi pour aplanir les difficultés des premiers temps. Vois d’un autre côté, si ton entrée à l’École normale est possible ; encore en ceci, envisage l’avenir, puis réfléchis, pèse et juge, mon bien cher ami, puisqu’il ne m’est pas donné de le faire avec toi.

Oh ! que dans ce moment, cette horrible séparation oppresse mon pauvre cœur ! Que de nuits je passe à songer à toi ! Que les jours me paraissent longs jusqu’à celui où je me dirai enfin que nous sommes sortis de l’état cruel où je te vois depuis si longtemps ! Je ne te rendrai jamais, mon Ernest, le bien que m’a fait ta dernière lettre en me prouvant que notre incertitude va finir, qu’à tant de ballottages entre ta raison et les volontés d’autrui, va succéder une détermination qui te sera toute personnelle. Quant au préceptorat d’Allemagne, permets-moi, mon bon ami, de te