Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/304

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lors même qu’en apparence nous en faisons le sacrifice, à tant d’autres moins pures, qui ne sauraient être le partage de tous, et qui nous seront peut-être à jamais refusées. Dieu sait si je les désire autrement que comme condition des premières.

J’aborde maintenant, ma chère Henriette, la discussion des projets dont tu me faisais la proposition dans ta dernière lettre. Elle est grave, je le sais ; aussi les motifs tirés de la plus sérieuse raison seront-ils les seuls qui pourront exercer sur moi leur influence. Par rapport à la place d’Allemagne, j’en suis toujours aux termes où j’étais dans mes dernières lettres, et que tu as fort bien saisis. Il ne peut être question pour nous d’une carrière, mais simplement d’un emploi transitoire, qui me laisse la liberté de compléter mes études à l’étranger. Par conséquent, toute place qui absorberait tellement tous mes instants, qu’elle me laisserait peu de liberté pour des études tant soit peu libérales, toute place qui ne me mettrait pas à portée de saisir le mouvement des esprits dans le pays que j’habiterais, toute place en un mot qui ne serait qu’un simple