Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/319

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torat, quel qu’il puisse être, ne serait qu’une mesure transitoire, et c’est quelque chose de définitif que je regarde aujourd’hui comme essentiel. J’avais bien compris de suite, mon pauvre ami, que ce n’est pas l’Autriche qui te convient ; aussi j’avais demandé qu’on fît des démarches pour Munich, ne pouvant pas espérer qu’on en pût faire dans le nord de l’Allemagne, où malheureusement je ne connais personne. Je dis malheureusement sans le regretter beaucoup, car, dans ta situation actuelle, je ne verrais aucun avantage à accepter un emploi qui ne t’ouvre aucune perspective.

Mon bon ami, laisse-moi te le répéter, songe, songe surtout à te créer une carrière, un avenir, et n’épargne pour cela aucun sacrifice. C’était sous ce point de vue que l’École normale ou l’étude exclusive des langues orientales me souriait tant ; il me serait bien douloureux d’y renoncer pour toi. Tu absorbe ? tellement toutes mes idées, mon cher Ernest, que je pense à peine à l’immense voyage que je vais entreprendre. Oh ! que mon cœur serait soulagé, si avant de partir je recevais une lettre de toi, et que cette lettre m’apprît