Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/391

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chaire de physique ou autre semblable, même la plus brillante que je puisse espérer, dans une Faculté par exemple, Toute la vie n’est pas là, et que servira à l’homme d’avoir été savant dans la nature, s’il n’a été savant dans lui-même et dans Dieu, s’il n’a été philosophe ?

Une étude exclusive ne pourra jamais me captiver ; celle-là seule me possédera tout entier, qui est la reine de toutes les autres, leur couronnement et leur résumé, qui parle de Dieu, de l’âme et de la morale. Je suis loin de croire que la philosophie, telle qu’on l’enseigne dans la classe, telle qu’elle doit être dans l’enseignement d’un professeur, remplisse ce programme ; mais enfin, c’est, de toutes les branches de l’enseignement universitaire, celle qui s’écarte le moins de mon idéal d’études ; j’ai donc dû m’y attacher. Bien souvent j’ai maudit l’ordre de choses qui assujettit et associe mon étude bien aimée à d’autres études qui sont loin d’être ses sœurs les plus immédiates, et mon esprit, plus scientifique que littéraire, eût désiré ou que la philosophie formât une faculté à part, ou qu’elle fût associée à la Faculté des sciences. Mais outre qu’il faut