Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/47

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les adopter. Nous fîmes ensemble, pour compléter nos recherches, un voyage dans le pays où s’est formé l’art gothique, dans le Vexin, le Valois, le Beauvoisis, la région de Noyon, de Laon, de Reims. Elle déployait dans ces recherches, qui l’intéressaient, une surprenante activité. Son idéal était une vie laborieuse, obscure, entourée d’affections. Elle répétait souvent le mot de Thomas A Kempis : in angello, cum libello. Elle coula dans ces tranquilles occupations de bien douces heures. Sa pensée alors était pleinement rassérénée, et son cœur, d’ordinaire inquiet, entrait dans un plein repos.

Sa capacité de travail était prodigieuse. Je l’ai vue, durant des journées entières, ne pas quitter la tâche qu’elle s’était imposée. Elle prenait part à la rédaction de journaux d’éducation, surtout à celui que dirigeait son amie, mademoiselle Ulliac-Trémadeure. Elle ne signait jamais de son nom et il était impossible qu’avec sa grande modestie elle arrivât en un tel genre à conquérir autre chose que l’estime d’un petit nombre. Le goût détestable qui préside en France à la composition des