Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/100

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jours d’un bien doux repos. Nous avions de la neige des crevasses de la haute montagne. Nos pauvres compagnons de voyage, sa bonne jument arabe, ma mule Sada, paissaient sous nos yeux. Pendant les premiers quinze jours, elle souffrit encore beaucoup ; puis les douleurs s’apaisèrent, et Dieu lui montra enfin, avant de quitter cette terre, quelques jours de bonheur pur.

Ces jours m’ont laissé un inexprimable souvenir. Les lenteurs inséparables des difficiles opérations que nous achevions en ce moment me laissaient beaucoup de loisir. Je résolus d’écrire toutes les idées qui, depuis mon séjour dans le pays de Tyr et mon voyage de Palestine, germaient dans mon esprit sur la vie de Jésus. En lisant l’Évangile en Galilée, la personnalité de ce grand fondateur m’était fortement apparue. Au sein du plus profond repos qu’il soit possible de concevoir, j’écrivis,